Le sujet
Ce roman est une fiction sous la forme d'un journal posthume, celui que Betty de Rothschild aurait pu écrire à partir du 1er septembre 1886, jour de sa mort. Betty se découvre alors "consciente", mais incarnée dans son portrait, dans le château de famille de Boulogne. Sereine, elle va alors subir des changements de résidence, se replongeant dans ses souvenirs et évoquant les personnages de son époque et de son entourage, amis, famille, relations de societé. Ses observations, de même certains évènements rapportés par des tiers devant elle, donnent à ses réflexions une nouvelle dimension : la connaissance passive. Les vivants sont réduits à de simples silhouettes, car c'est elle le personnage central de chaque tableau, fragile témoin muet d'une certaine et riche histoire (sans faire de jeux de mots).


Mon avis
Ce roman m'a émue et intéressée. Un billet n'aurait pas suffi pour intégrer les images recherchées afin de mieux comprendre et mieux me représenter les demeures, châteaux, tableaux et personnages de cette histoire. C'est pourquoi j'ai décidé la mise en oeuvre de cette page. Petit à petit, je me suis faufilée dans les traces de Betty, suspendue dans sa poudre de riz, complice de cette étonnante femme.
J'ai trouvé ce roman incroyablement passionnant, lui reprochant toutefois certaines longueurs et détails mondains, et peut-être aussi quelques maladresses. Par exemple, Betty dans le tableau n'est sensée ne s'exprimer en tant que telle qu'à compter de 1886, moment de sa mort. Or Pierre Assouline la fait intervenir dans sa forme de portrait sur des évènements antérieurs. De même, il me semble qu'une femme, une mère, qui monologue en elle-même parlerait différemment de son mari, de ses amants, de ses enfants et petits-enfants (surtout à 81 ans). Elle en dit trop ou pas assez ! Bien sûr, tout ceci n'engage que mon propre sentiment.

J'ai aussi moins apprécié, car je me suis sentie mal à l'aise, les passages relatifs à la religion. Il faut dire que je me crois athée, ce n'est pas de ma faute, mais savoir que des gens instruits puissent conduire leur vie sans tenir compte de leurs désirs au profit de préceptes invérifiables me dépasse. Je suis une incrédule. Mais une incrédule qui comprend parfaitement que l'on puisse trouver du réconfort à l'ombre des dieux, de temps en temps. A remarquer : l'impressionnante collecte d'informations entreprise par l'auteur qui lui permet de retracer plus d'un siècle d'évènements historiques. Moi qui suis d'une absolue nullité en histoire, je n'en ai été que plus fascinée.

Enfin, j'ai recherché ici et là d'autres témoignages de lectures de ce livre ; ayant éliminé les billets publicitaires qui ne rendent pas réellement compte de l'originalité de ce roman, j'ai sélectionné ceux qui me semblent les plus pertinents (colonne de droite).